Solidarité Haïti – Le peuple rieur

14 juillet 2022

Voilà le titre de l’excellent livre sur les Innus de Serge Bouchard que je viens de terminer. Que vient faire un livre sur les Innus dans une chronique sur Haïti ? Tout d’abord, Innu veut dire humain, comme Canadien et… Haïtien. Ensuite, le combat des Innus contre les innombrables injustices que nous leur avons fait subir, offre aux Haïtiens matière à réflexion face à leurs propres défis.

Dans son livre, Serge Bouchard parle, entre autres, de la communauté d’Essipit comme d’un petit miracle :

«Chassée de partout sur le territoire occupé par ses ancêtres, oubliée sur une pointe de terre, la minuscule communauté innue d’Essipit a refusé de mourir. Non seulement elle n’est pas disparue, mais elle a imposé ses valeurs. Mieux, elle a fait de ses valeurs, une image de marque.

À partir de son amour de la mer et de la forêt, elle a développé une sensibilité pour l’environnement; en renouant avec sa langue et ses traditions, elle a cultivé sa conscience patrimoniale. Et surtout, elle affirme sa solidarité. Dans ce village, rien n’appartient à personne, tout appartient à tout le monde. Cet esprit n’a pas changé depuis l’époque de Champlain, depuis les premiers missionnaires qui notaient combien les Montagnais avaient le sens du partage et de l’entraide.»1

La France a écrasé les Haïtiens d’abord comme esclaves et, par la suite, elle a exigé une rançon de plusieurs centaines de millions de dollars, pour son manque à gagner. Les États-Unis ont pris le relais. Ils ont occupé Haïti de 1915 à 1933 et y sont toujours les rois et maîtres. Le pouvoir politique haïtien est au service des intérêts capitalistes. Il bafoue les droits de son peuple à des services comme l’éducation et les soins de santé, avec la bénédiction des puissants.

Les Innus ont une culture millénaire (8 000 ans) sur laquelle s’appuyer; les Haïtiens, après 200 ans, n’ont jamais été maîtres chez eux assez longtemps pour cultiver d’aussi solides ancrages culturels. Même leur langue est toute jeune. Ils pourraient donc puiser dans l’expertise de ces nations qui ont connu l’adversité et qui s’en sortent lentement.

Dans un monde dominé par les valeurs capitalistes, il faut créer des outils pour mettre la richesse locale au service de la communauté, or c’est l’un des principaux objectifs de Solidarité-Haïti en Estrie.

La première richesse, c’est la force de travail de chacun. Ajoutons la générosité de la terre, le soleil tropical, la jeunesse haïtienne, les valeurs de nos partenaires et notre Solidarité. En les accompagnant sur ce chemin, nous sommes au cœur d’une lente, mais réelle évolution.

Bouchard Serge, Lévesque Marie-Christine : «Le peuple rieur – Hommage à mes amis Innus» Lux Éditeur, 2017, p. 256

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