Solidarité Haïti – La mère patrie

09 novembre 2023

Nous faisons souvent référence à la France comme étant la mère patrie de la plupart des francophones du Canada et je me demande pourquoi je n’ai jamais entendu, en Haïti, de référence à l’Afrique comme mère patrie.


Depuis la révolution haïtienne, on y a travaillé à créer des liens commerciaux avec l’extérieur qui soient gagnants-gagnants, sans grand succès d’ailleurs. Or, l’Afrique c’est environ un milliard de consommateurs et d’énormes richesses.

Il importe pour Haïti de commercer équitablement avec l’extérieur, car à vouloir créer des alliances commercialement trop asymétriques, on se retrouve dans le rôle du fournisseur de main-d’œuvre à bon marché. Rappelons que le salaire minimum en Haïti est moins d’un dollar de l’heure. Les ancêtres des Haïtiens sont venus du continent africain. Ce fait devrait militer en faveur de la création de liens économiques et culturels, qui ajoutent une dimension émotive à l’échange. L’émotion est un moteur, une motivation à ne pas négliger. Reste bien sûr, à découvrir ensemble, dans quels domaines les Africains peuvent soutenir le développement d’Haïti et vice versa.

On pourrait, par exemple, souhaiter des échanges en éducation, d’où l’importance de liens Internet à haute vitesse. Bien qu’en éducation, on parle d’investissements qui ne donneront leurs fruits que dans la prochaine génération ; aucune société ne peut s’en priver. Pourquoi ne pas privilégier l’éducation via les divers festivals de films ? Il ne s’agit pas d’y apprendre à lire et à compter, mais plus fondamental encore, d’y apprendre qui nous sommes. Les jeunes cinéastes sont nombreux en Haïti, comme en Afrique.

Par ses projets, Solidarité-Haïti en Estrie travaille à créer de la richesse en Haïti, mais échanger, réfléchir avec nos partenaires sur des sujets tels que celui-ci, nous permet de tisser des liens qui font avancer notre compréhension de ce qui génère la pauvreté, et comment s’en sortir.

P.-S. : J’apprends, après avoir écrit ce texte, que l’ONU interviendra en Haïti, via une force internationale pilotée par le Kenya. Inutile de dire que ce n’est pas à cela que je pensais en parlant de lien à développer avec l’Afrique. C’est là une bonne nouvelle pour tous ceux qui ne seront pas volés, déplacés, violés et même tués par des gangs criminalisés, mais c’est aussi une mauvaise nouvelle car cette énième intervention servira à terme à maintenir Haïti sous la tutelle américaine donc, asservie, exploitée et surtout, sans réelle démocratie.

Pendant ce temps, sur le Plateau central, nos enfants espèrent de nous, un monde meilleur.

Jean Charron