Solidarité Haïti – Haïtiennes du Québec, une richesse !

10 mai 2021

Pour la première fois dans cette chronique, je cède ma plume à Alexandra Pierre (Gazette des femmes, octobre 2019). Elle nous présente ici une éloquente description des femmes haïtiennes et de ce qu’elles nous apportent.

 

« … 1967 — Migration haïtienne

L’histoire décrit généralement la migration haïtienne des années 70 comme le moyen d’échapper à la dictature de Duvalier. On mentionne moins le fait qu’en pleine Révolution tranquille, nous manquions de personnes scolarisées pour développer les nouvelles institutions québécoises et y travailler. Entre 1967 et 1977, plus de 3 000 Haïtiennes et Haïtiens — francophones, compétentes et compétents et expérimentées et expérimentés — arrivent au Québec. Ces enseignantes et enseignants, infirmières, médecins, ingénieures et ingénieurs, agronomes, etc. ont largement façonné le Québec moderne, en même temps qu’Haïti perdait ses forces vives.

Parmi ces personnes, il y a des féministes (évidemment !). Souvent engagées dans la résistance contre Duvalier, elles arrivent avec une critique acérée du pouvoir politique et de l’État. Noires, femmes et immigrantes, elles font face à un “triple problème”, comme le décrit si bien le livre de Sroka Ghila Femmes haïtiennes, paroles de négresses. Ces féministes haïtiennes sont peu audibles par le mouvement féministe majoritaire : elles sont essentiellement perçues comme des travailleuses, comme les “bonnes” qui prennent soin des familles de souche, plutôt que comme des actrices politiques.

Revisiter ces récits, c’est, pour le mouvement féministe majoritaire, l’occasion d’examiner ses propres mythes, ses angles morts ainsi que les désolidarisations passées et présentes avec certains groupes, dans la perspective de construire de réelles sororités avec toutes les femmes.

Des organismes comme le Point de ralliement des femmes d’origine haïtienne, fondé en 1971, sont nés à la fois de ce besoin de s’opposer à la dictature en Haïti, mais aussi d’une nécessité de construire des espaces pour se faire entendre ici comme femmes noires. Ces féministes investissent toutes sortes de champs pour venir en aide à la communauté haïtienne grandissante et pour réfléchir à leur place politique au Québec. Elles s’engagent dans les luttes pour le logement, contre les déportations, contre la brutalité policière…… Ces pratiques d’autonomie et de résistance des femmes noires sont encore bien vivantes aujourd’hui. … Les femmes noires ne sont ni passives ni homogènes, pas plus aujourd’hui qu’hier… » 

Solidarité-Haïti en Estrie collabore avec de telles femmes courageuses sur le Plateau Central d’Haïti. Joignez-vous à notre action.

www.fb.me/solidaritehaitiestrie/ 819 791-4745.