REPLB – Mes installations septiques sont-elles conformes ?

12 juillet 2021

Au cours des trois dernières semaines, j’ai fait le tour du lac accompagné du directeur général adjoint, responsable des infrastructures à la municipalité, M. Guillaume Beaudette. Je le remercie pour son dévouement et de sa grande disponibilité afin de permettre aux résidents du lac d’avoir les réponses à leurs questions.

Plusieurs résidents ont partagé avec nous leurs inquiétudes par rapport à la performance de leurs installations septiques. Avec raison, puisque près de 80 % des installations septiques autour du lac ont plus de 25 ans, et près de 60 % plus de 30 ans. Tandis que d’autres, une minorité bien heureusement, nous ont dit que leurs installations septiques étaient très bonnes, car ils n’ont jamais eu de véritable problème avec celles-ci. Mais qu’en est-il vraiment ?

Au cours de l’été 2020, trois campagnes d’échantillonnage ont été menées à l’embouchure de huit tributaires, les plus importants en matière de débit d’eau, par des bénévoles du REPLB accompagnés par les experts du RAPPEL. Ce projet est conséquent, car il permet de tester la qualité de l’eau qui entre dans le lac par ses cours d’eau. Les paramètres du phosphore total, les matières en suspension et les coliformes fécaux ont été analysés. 

Le phosphore peut être considéré comme un engrais qui contribue à la prolifération des plantes aquatiques, dont le myriophylle à épis que le REPLB tente de contrôler par le bâchage depuis plus de 3 ans déjà. La source de celui-ci provient de l’épandage d’engrais domestique et des installations septiques. Même une installation septique résidentielle récente peut laisser passer entre 40 % et 60 % du phosphore récolté. 

Les coliformes fécaux sont des bactéries intestinales provenant des excréments produits par les animaux à sang chaud, incluant l’humain et les oiseaux. Une contamination fécale et la présence potentielle de microorganismes pathogènes sont susceptibles d’affecter la santé animale et humaine. La source des coliformes fécaux est bien entendu les installations septiques âgées et des champs d’épuration engorgés et contaminés.

La figure 1, plus bas, montre les stations d’échantillonnage du Petit lac Brompton de l’été 2020. Trois échantillonnages ont été réalisés au courant de l’été dernier, deux en août (début et fin du mois) et une autre à la fin septembre.

 

Le tableau qui suit présente les résultats de la stratégie d’échantillonnage. La littérature scientifique suggère de réaliser un test par temps sec (pas de pluie pour plus de 3 jours) et deux tests après une forte pluie (plus de 25 mm en 24 heures). Les résultats de fortes pluies ont été amalgamés pour simplifier la présentation des résultats, et une moyenne de deux données d’échantillonnage est présentée.

 

L’objectif au niveau des coliformes fécaux est d’obtenir des résultats inférieurs à 200 UFC (unité formatrice de colonies) par 100 ml d’eau, tandis que pour le phosphore, il est recommandé d’être à moins de 20 ug (microgramme) par litre d’eau. Les chiffres en rouge indiquent que les moyennes dépassent les normes recommandées entre 2 fois et demie (250%) et treize fois et demie (1350%) au niveau des coliformes fécaux après une forte pluie.

 

Qu’est-ce qui peut expliquer ces résultats inquiétants?

Bien que les coliformes fécaux puissent venir de source animale, la densité des résidences autour des tributaires étudiés semble nous laisser croire que ces résultats seraient attribuables principalement aux installations septiques autour de ces tributaires. Que vous soyez en première rangée, deuxième rangée ou encore plus loin du lac, si l’eau qui circule sur votre terrain se dirige dans l’un de ces tributaires, elle finira par rejoindre le lac. Lors de fortes pluies, l’eau lessive les terrains, car elle ne peut être absorbée par les plantes et le gazon, et engorge les ruisseaux et fossés et termine son chemin dans le lac.

Qu’est-ce que cela implique?

Ces données sont considérées comme étant « très préoccupantes » pour l’exécutif du REPLB ainsi que les experts du RAPPEL et c’est pour cela que nous voulons vous les partager. Les jours suivants, une forte pluie, les utilisateurs des plages, les résidents qui sont situés à proximité de ces tributaires devraient faire très attention lors d’une baignade ou toute autre activité nautique. Le niveau de coliformes fécaux est suffisant pour rendre vos animaux de compagnie, vos enfants et vous-même malades. La plage Blanchard, à Sherbrooke, est régulièrement fermée l’été lorsque le niveau de coliformes fécaux dépasse les 200 UFC par 100 ml d’eau. Et nous obtenons des échantillons de 495 à 3320, soit plus de 13 fois la norme permise à l’embouchure de certains tributaires.

Il est urgent d’agir!

Nous ne pouvons plus accepter le statu quo. Il faut impérativement dire oui à la modernisation des installations septiques par un réseau d’égout et de l’eau potable par un système d’aqueduc. Que dire du fait que 2 résidents sur 3 prennent toujours leur eau du lac ou d’un puits de surface ?

Le REPLB poursuivra sa campagne d’échantillonnages durant l’été 2021 avec la collecte de nouvelles données. Nous serons ensuite en mesure de remonter les tributaires vers les sources potentielles de cette contamination. 

 

Est-ce que mes installations septiques sont conformes?

Les données semblent démontrer que non, et ce pour une très forte majorité de résidents autour du lac!

Jean-François Guertin
Président
Regroupement écologie Petit Lac Brompton