Le carnet du noctambule – L’Américanité

29 mars 2018

Cette nation, ce peuple, cet univers convoité se meurent de sa richesse, de sa superbe et de son insondable inconscience. Engraissés au propre comme au figuré par et dans une culture de l’acquisition, de la syncope des valeurs superficielles, matérialistes et fondamentalement égoïstes, les AMÉRICAINS ET LEURS SEMBLABLES s’étranglent avec leurs principes étroits issus de religion et leur religion à eux qu’ils ont baptisée « Constitutions ». Au nom de cette sacro-sainte bible qu’a usurpé leur Constitution, ils s’entretuent, se massacrent par et pour des croyances qui ne résistent pas à la pratique de leur vie quotidienne. Les récentes hécatombes comme la tuerie en Floride, qui n’est que l’illustration douloureuse de cette inconscience manipulée dans ce cas-ci par la National Rifle Association et son lobby pour la prolifération des armes à feu, entérinée par un Président aveuglé par une volonté pêchant par un nationalisme dévastateur, le nationalisme est toujours dévastateur à des degrés divers, dressent un constat de faillite qui prend de l’ampleur et dépasse tout entendement.

L’enfilade de faits troublants, de scandales et de réactions de plus en plus épidermiques dépeignent une société décadente. Les forces vives sont muselées, les canaux de communication subissent un désaveu iconoclaste, les institutions se délabrent sous la férule de mandarins fantoches qui obéissent aux lubies de ce Président imprévu, imprévisible. La détérioration du tissu social, l’« irrespectable » chasse aux sorcières des minorités qui ont bâti ce pays. La volonté de maintenir des usages et des pratiques décriés par les acteurs des drames comme celui de la Floride qui supplient de restreindre l’accès aux armes, consacre la descente aux enfers de cette société si riche qu’elle en meurt, de cette courtepointe bigarrée souffrant d’embonpoint qui l’étouffe.

Le bateau prend l’eau et ce n’est pas le capitaine aux commandes actuellement qui travaille à le maintenir à flot. Il est à ce moment de l’histoire d’un pays à la dérive ce qui peut arriver de plus contre indiqué. Ce ménage des acquis démocratiques (démantèlement de Guantanamo, l’Obamacare, l’ouverture des frontières, l’élargissement des relations internationales, nommément Cuba, la reconnaissance d’un statut pour les immigrants arrivés avec leurs parents) témoignent d’une vue atrophiée des enjeux, sabotent un consensus arraché à bout de bras par l’administration précédente vouée à la construction d’institutions éclairées et inspirées par une vision progressiste en nette divergence avec le spectre de la volonté de tout asservir au rendement économique, à la suprématie nourrie à l’aune de la conviction de la supériorité induite du rôle de superpuissance à l’œuvre sur la planète. D’ailleurs cette présomption et l’assurance de dicter la conduite de tout un chacun président et préparent des gestes provocateurs comme le déclenchement d’hostilités inscrites dans la nature même du genre de suffisance dans les propos, dans l’allure physique et dans les contacts empreints de cette recherche de domination.

L’immense richesse humaine, sociale, artistique et économique s’obscurcit sous la gouverne de l’évident parti-pris: imprimer sa marque aussi échevelée soit-elle, aussi rétrograde qu’elle puisse être. En dépit de manifestations ponctuelles qui dénoncent la dérive, une bonne partie de la population qui l’a élu le supporte au-delà de l’entendement, envers les voix discordantes de l’entourage, même les républicains.

Ce pays grand comme un continent, ce territoire riche et varié rapetisse comme peau de chagrin sous l’impulsion d’un dirigeant qui ne manque pas de vision, mais de jugement. Imbu de lui-même et volontairement abusif, il semble avoir résolu de copier le modèle de gouvernance qui a fait de son empire un château de cartes comme ses casinos, ses golfs et ses hôtels.

Les Américains ne sont pas tous des partisans du « Schtroumpf » à cravate rouge, du Seigneur de Mar-a-Lago.